École, harcèlement et langue de bois

Dans Pas de vagues, Teddy Lussi-Modeste prend des risques et aborde avec justesse les problématiques d’un système éducatif défaillant et du harcèlement. Un film nécessaire qui souligne la difficulté d’être enseignant mais également adolescent dans l'époque actuelle.

Charlotte Cresson

Le7.info

Le sujet est d’actualité. Julien (François Civil) est un jeune professeur de français qui enseigne dans un collège difficile de banlieue parisienne. Motivé et plein d’enthousiasme, il voit sa vie basculer lorsque des rumeurs sur de prétendues avances faites à Leslie, 14 ans (Toscane Duquesne) circulent. L’enseignant devient ainsi un paria et affronte peu à peu la solitude, la peur et le rejet. Pour le principal de l’établissement, la règle à suivre est claire : pas de vagues. Inspiré de l’histoire du réalisateur (Teddy Lussi-Modeste), ce drame troublant renvoie à une actualité délicate : le déclin de l’école, le malaise des enseignants ou encore le harcèlement. Dans une ambiance pesante semblable à celle d’un thriller, Julien se retrouve délaissé par sa hiérarchie en plein chaos. Une situation qui pointe du doigt un système défaillant, perméable aux problèmes sociétaux. Les menaces de mort que reçoit le professeur fictif font également écho aux meurtres de Samuel Paty et Dominique Bernard et soulignent une crainte nouvelle des enseignants. Les commentaires sous la bande-annonce n’ont pas attendu longtemps avant d’être désactivés. Dans un contexte de mouvement #MeToo, la crainte est celle du bâillon imposé aux victimes. Néanmoins, dans Pas de vagues, elles se situent dans les deux camps. D’un côté Julien, l’enseignant, accusé à tort et, de l’autre, Leslie, 14 ans, victime de son jeune esprit d’adolescente et de son entourage. Le spectateur réalise alors sans difficulté le quiproquo à l’origine de la situation. Le film ne jette ainsi l’opprobre sur personne tout en faisant réfléchir sur la présomption d’innocence. Un bémol ? Une fin un peu abrupte qui désarçonne.

 

 

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