Hélène Landrault, tout à la fois

Hélène Landrault. 47 ans. Directrice d’un Ehpad à Saint-Benoît. Infirmière de formation, la Poitevine n’a jamais cessé d’étudier. De la Vienne à Clermont, en passant par le Maroc, cette mère de trois enfants s’apprête à sortir son premier livre : Les altruicides et les réveilleurs. Signe particulier : réconcilie les contraires.

Arnault Varanne

Le7.info

Il ne faut jamais dire jamais et elle ne dit d’ailleurs pas un non catégorique à un futur nouvel engagement. Hélène Landrault s’est frottée à la politique pendant quelques années, le temps d’un mandat d’adjointe à l’Environnement à la mairie de Montamisé, puis de suppléante du socialiste Jean-Daniel Blusseau au Conseil départemental(*). C’est loin, désormais. Dans son futur ouvrage à paraître au printemps, la directrice de l’Ehpad des Jardins de Camille, à Saint-Benoît, qualifie certains élus de 
« mervers », ceux notamment qui guignent des postes pour « flatter leur ego alors que la politique devrait nous obliger ». Les altruicides et les réveilleurs évoquera la perversion au sein du couple, avec les enfants, dans le milieu de l’entreprise, de la politique donc... Et en miroir de cette face sombre, son autrice a prévu un long chapitre sur les autres, qui 
« remettent de la fraternité, de la solidarité » dans un monde 
« en proie au chaos ». L’ouvrage est achevé depuis le 
7 juillet 2023, mais la Poitevine a attendu janvier 2024 pour l’envoyer à des maisons d’édition. 
« Trop perfectionniste », lâche-t-elle. Hélène Landrault réconcilie les contraires, à la fois solaire -« j’aime beaucoup rire »- et comme aimantée par la maladie et la mort. Sorti de l’Ifsi en 2001, l’infirmière aurait pu se contenter d’une honnête carrière au CH Laborit. 


Bardée de diplômes

A la linéarité, elle a préféré la complexité, enchaînant dans une soif de connaissances inextinguible un diplôme universitaire d’art-thérapie, un master 2 de sociologie de la santé et des sciences de l’éducation à la Sorbonne, un master de psychologie à l’université de Poitiers, puis une thèse à l’université Mohamed VI de Benguerir sur la prédiction du risque suicidaire au Maroc. « C’est peut-être ce dont je suis la plus fière, d’être la première femme doctorante de cette université », glisse-t-elle. Pas rassasiée, la fille de directeur d’agence publicitaire et de secrétaire comptable a parachevé ses études sur un master en gestion et management des établissements de santé à Sciences Po. Bardée de diplômes, Hélène Landrault n’en reste pas moins 
« une soignante ». 


Avant de revenir dans la Vienne, elle a dirigé pendant deux ans une clinique filiale du groupe Orpea à Clermont-Ferrand. Autrement dit, en pleine tempête liée à la sortie des Fossoyeurs, de Victor Castanet. Celle qui se définit comme 
« assez cash dans la douceur »
 exècre « toutes les formes de maltraitance ». « C’est la manière dont on la gère qui compte. Pour moi, une insulte, une parole déplacée, c’est terminé. Ici, j’ai mis fin à deux périodes d’essai et trois CDI. Je n’ai pas d’états d’âme là-dessus. La façon dont on traite l’autre est primordiale. »

« Fataliste optimiste »

« Très sensible et impliquée émotionnellement », Madame la Directrice n’a paradoxalement « pas peur de la mort », moins attachée « au corps physique » 
qu’à une certaine forme de spiritualité. « Ce que j’aime chez les personnes âgées, c’est leur sagesse. Avec elles, le temps suspend son cours, il n’y a plus à faire semblant, à jouer un rôle social, on est dans une relation intime. » Le récent coup de coeur du jury du concours MDRS, décerné aux Jardins de Camille, atteste de cette humanité. 
Au fond, Hélène parle d’elles mais aussi d’elle, préférant « donner aux autres » que 
« prendre du temps pour [elle] », 
l’injonction du moment. « Disons que c’est ce qui m’épanouit... Mon père nous a toujours dit de faire ce qui nous rendrait heureux. Mon père, ce héros ! » 
La mère de famille a transmis le message à ses trois enfants de 21, 18 et 10 ans. 
« Faites ce que vous voulez mais faites-le à fond ! »


Plus « Simone Veil que Femen », 
la directrice d’Ehpad ne s’est jamais sentie rejetée au fil de son parcours. Elle a « pris sa place sans agressivité ». La gamine 
« rêveuse et qui faisait le minimum à l’école » a conservé une part d’utopie à même de la préserver des tourments extérieurs. « Fataliste optimiste »,
 elle veut croire qu’il existe 
« toujours une voie pour sortir du tunnel », même si elle évite de s’encombrer de choses négatives en zappant la télé. « J’essaie de faire ma part, à mon niveau... » La politique, elle, attendra. Parce qu’on ne peut « pas être sur tous les fronts ». Parce qu’ensuite elle ne se sent « plus appartenir à une famille politique ». Parce qu’enfin Hélène Landrault n’aime pas les guerres d’ego. Plus réveilleuse qu’altruicide en résumé.


(*)Elle s’était aussi présentée sans étiquette aux élections départementales de 2021 avec Bouziane Fourka, sur le canton de Poitiers.

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