Ekitour : social ET durable

Elle fête cette année ses 50 ans. L’agence de voyage poitevine Ekitour réfléchit à la meilleure façon d’aborder les cinquante prochaines années en associant tourisme social et développement durable. Train, proximité, plurihospitalité… La réflexion est lancée.

Claire Brugier

Le7.info

Sortir les bougies et les médailles pour commémorer les cinquante ans qui viennent de s’écouler ? Trop peu pour elle. L’agence de tourisme social Ekitour préfère regarder vers l’avenir. « Qu’est-ce qu’on fait des cinquante prochaines années ?, 
interroge Daniel Lodenet, l’une des chevilles ouvrières de l’association poitevine devenue Scop en 2017 (quatre salariés). Nous sommes percutés de plein fouet par les questions environnementales. » L’ancien directeur d’Ekitour, aujourd’hui président d’Ekitour Solidarité, se souvient de l’époque où « on s’est battu pour le ski pour tous, pour des vacances en avion pour tous… » La structure fait toujours voyager entre 1 200 et 1 500 personnes par an via des CSE, associations, maisons de quartier, quelques collectivités… Mais la problématique de la décarbonation s’impose à elle.

Alors, « un tourisme éthique sans toc est-il possible ? ». Ekitour, en partenariat avec l’Espace Mendès-France, a la semaine dernière fait de cette question le cœur d’une journée d’échanges. Parmi les interrogations, la place de l’aérien. Selon l’organisation mondiale du tourisme, il représente 55% du tourisme international, la route 40%, l’eau 4%... La part du rail est infime. « Les déplacements touristiques entre pays concernaient 100 millions de personnes en 1965, 500 millions en 1995, 1 milliard en 2010, 1,5 milliard en 2019, a rappelé Gilles Caire, maître de conférence à l’université de Poitiers. Il y a une forte accélération. Le Covid, contrairement à ce qu’on a pu envisager, n’a été qu’une parenthèse. »

« Réinventer le voyage »

Ekitour s’est déjà fixé des limites. « On s’interdit d’organiser des croisières sur des énormes bateaux, des voyages à New York pour 4 jours-3 nuits -on ne traverse pas l’Atlantique pour si peu !-, on est attentif à la souffrance animale…, note la directrice Nadège Ailhaud. On essaie d’infuser la prise de conscience d’un tourisme durable auprès de nos clients et de nos partenaires. » Pour changer les pratiques. « Il faut réinventer le voyage car on ne voyage pas en train comme en bus ou en voiture », assène Daniel Lodenet. De même, « à Ekitour, plutôt que de tourisme, on parle d’hospitalités, car il n’y a pas que ceux qui viennent en vacances, il y a aussi les travailleurs, les étudiants, les migrants… On doit penser le tourisme pour accueillir tous ces publics. » A Marseille, la coopérative Hôtel du Nord y réfléchit déjà activement. « La plurihospitalité est l’un des moyens de la transition »,
assure son gérant Prosper Wanner.

Les idées ne manquent pas. Plus localement, l’association Pont et Sentiers s’est engagée dans la création d’un Sentier métropolitain sur Grand Poitiers et Grand Châtellerault. 
« Cela revient à s’interroger sur les lieux qu’on habite, à toute petite échelle, à partir des savoir-faire paysagers locaux, explique Jordi Ballesta, l’un des porteurs du projet. Cela peut être une forme de tourisme de demain. »

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