Pictave santé à l’arrêt

Le problème de gouvernance perdure depuis trois mois au sein de la CPTS Pictave santé, sous le regard impuissant de ses partenaires institutionnels et au détriment de la population dont elle est censée améliorer l’accès aux soins.

Claire Brugier

Le7.info

Sur le site Internet de la CPTS Pictave santé, qui couvre 
17 communes de Grand Poitiers, l’équipe n’a pas changé. Le président de la communauté professionnelle territoriale de santé est toujours le médecin généraliste Philippe Bouchand. Dans les faits, la gouvernance de l’association est entrée depuis décembre, et une houleuse réunion, dans une zone de turbulences. Philippe Bouchand dénonce une « tentative de déstabilisation » par « une équipe illégitime » menée par Sylvain Peterlongo(*). De son côté, le kinésithérapeute revendique avoir été élu lors du conseil d’administration de décembre, à la suite de la démission de son confrère. Or « les statuts ne le permettent pas, rétorque Philippe Bouchand. Le président doit être élu lors d’une assemblée générale. » Laquelle n’a toujours pas eu lieu, malgré les sollicitations de la préfecture et de l’Agence régionale de santé, principal financeur via la CPAM (500 000€), soucieuses de 
« mettre en place une gouvernance apaisée et ainsi de relancer une dynamique constructive à la bonne coopération entre professionnels de santé du territoire ». Tout l’enjeu est là. « Notre mission consiste à améliorer l’accès à des soins de qualité en organisant la communication interprofessionnelle », insiste le 
Dr Bouchand, convaincu que « qui dénigre le président, dénigre la CPTS et son objet ». Sylvain Peterlongo, membre depuis août 2023, met quant à lui en avant des « démissions qui s’accumulaient, 13 du CA en 13 mois 
et 6 du bureau début novembre » 
et déplore avoir « découvert des projets qui avaient été menés seul, tels que la maison de santé de Saint-Eloi ».

Actions à l’arrêt

A dire vrai, le projet sus-cité, porté par un cabinet de six infirmiers et les deux pharmacies du quartier de Poitiers, n’en est qu’à ses tout débuts car, l’appel est lancé, « sans médecins, pas de maison de santé », résume Jean Brouard, l’un des infirmiers. Soutenu par la municipalité et le bailleur social Ekidom, le projet veut s’appuyer sur « la CPTS en tant que coordonnateur ». 
« Nous avions programmé une première réunion en mairie le 15 janvier mais elle a décliné l’invitation. Cela aurait été un premier contact. » La CPTS a d’autres actions dans ses cartons, auprès de la population étudiante avec le service de santé universitaire, pour réduire les parcours de soins en développant l’e-santé, autour des soins supports en cancérologie, de l’insuffisance cardiaque… Mais « le conflit de gouvernance nous paralyse, il n’y a pas transfert de connaissances sur les différents dossiers », regrette Sylvain Peterlongo. La solution ? « Elle est dans la tenue d’une AG, mais plusieurs dates ont déjà été annulées », note le kinésithérapeute, tandis que le Dr Bouchand se dit 
« contraint à engager une action judiciaire dans l’intérêt et pour le compte de la CPTS » car « tous les projets structurants sont en stand-by, ce qui représente un grand danger pour la population ». Affaire à suivre.


(*)Président M. Peterlongo, kinésithérapeute, vice-président M. Compagnon kinésithérapeute, secrétaire-adjoint M. Augeron, kinésithérapeute, secrétaire Mme Mousserion, infirmière, et trésoriers M. Roussel infirmier et Mme Rouet pharmacienne.

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