Education positive, débat nourri

Avec la sortie de son livre Trop de choix bouleverse l'éducation, le pédopsychiatre Daniel Marcelli soulève la question des nouveaux modes éducatifs. Petit tour d’horizon des avis divergents et idées reçues.

Charlotte Cresson

Le7.info

Qu’on se le dise, les enfants ne savent pas forcément ce qui est le mieux pour eux. Conséquence : ils ne doivent pas systématiquement tout choisir. C’est, en résumé, la thèse défendue par le pédopsychiatre poitevin Daniel Marcelli dans son nouveau livre Trop de choix bouleverse l’éducation, co-écrit avec le psychologue Antoine Perrier (Editions Odile Jacob). Dans notre société où les sujets soumis ont cédé la place à des individus émancipés, l’autonomie et le choix sont élevés au rang de valeurs éducatives cardinales. Mais ce phénomène pose problème. Notamment à l’adolescence, lorsque la puberté s’impose à eux, comme l'explique le 
Pr Marcelli.

L’ouvrage met-il alors un coup d’arrêt à l’éducation positive basée sur l’écoute et la bienveillance ? 
Pas tout à fait ! « Mon livre est une remise en cause de l'application dogmatique de certains préceptes, précise le pédopsychiatre. Quand on est dans le « trop », on est dans la pathologie. Je suis d'accord pour que l'on tienne compte de l'avis de l'enfant mais il n'a pas systématiquement raison. » Prisée par toute une génération de parents, l’éducation positive s’est développée dans les années 1990. Avec beaucoup d’idées reçues. « Contrairement à ce que l’on peut parfois entendre, il ne s’agit pas du tout de laxisme mais d’éduquer dans la bienveillance et la fermeté », explique Anaïs Dubois, psychologue clinicienne. L’objectif recherché est un équilibre entre le bien-être de l’enfant et celui des parents. 
« Il faut essayer d’écouter ses besoins propres en tant que parent. Les règles varient d’une famille à l’autre puisqu’on a tous des limites différentes. » La base, c’est de se renseigner sur le rythme de l’enfant, les étapes de son développement et ce qui peut-être cohérent de lui demander selon son âge. Pour l’experte, l’enfant est un 
« expérimentateur permanent »
pour qui la bêtise n’est en réalité « qu’une phase de créativité dans un cadre où il ne sait pas que ce n’est pas possible ».


Un clivage de générations

Tout comme leurs aînés avant eux, les jeunes parents veulent bouleverser les codes. Détrôner les grands principes. « On a toujours envie que les générations suivantes soient plus épanouies que les précédentes », analyse Anaïs Dubois. Les parents d’aujourd’hui adaptent alors les noms et manières d’éduquer à leurs valeurs. « Souvenez-vous de l’âge redouté des 2 ans, les « Terrible two ». Avant, on qualifiait cette période d’âge « d’opposition », alors que désormais on parle de « phase d’affirmation ». C’est là tout l’enjeu de l’éducation positive : comprendre que l’enfant est un humain à part entière comme nous, avec sa personnalité et ses besoins », poursuit la psychologue. Mais attention ! 
« Les choix doivent être limités et adaptés à l’âge. »

Bien appliquée, l’éducation positive peut avoir un impact favorable sur les adolescents. « On sent déjà que ça offre un dialogue. La parole est plus libre, l’ado va envoyer ses parents balader car c’est une période pourrie, mais il aura un espace où exprimer ses émotions, ce qui produira un certain apaisement », renchérit Anaïs Dubois. Et si vous êtes inquiet pour le développement de votre enfant, rassurez-vous, il n’est jamais trop tard pour rattraper le coup. « La richesse de l'être humain, c'est que tout est récupérable, même si c'est plus dur à 10 ans qu'à 
5 ans... », conclut Daniel Marcelli.

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