Dix années de projets à adopter

La plateforme de financement participatif J’adopte un projet fête cette année ses dix ans d’existence. Associative et locale, elle a su se démarquer dès sa création et affiche plus de 80% de réussite.

Claire Brugier

Le7.info

A Niort, le premier projet accompagné par J’adopte un projet continue de servir sa cuisine orientale. Dix ans déjà… Qui eût cru que le restaurant Au Bled Al Cham venait d’ouvrir la voie à déjà plus de 630 autres initiatives. Au fil du temps, la plateforme de financement participatif « made in Poitou-Charentes », installée à Poitiers, s’est affirmée comme un outil incontournable pour les porteurs de projet d’un territoire désormais étendu à la Nouvelle-Aquitaine. « Ils n’accédaient pas forcément aux réseaux de financement participatif nationaux », constate Laurence Fouin, trésorière de l’association et membre de France Active, l’une des sept structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) à l’origine de J’adopte un projet. La plateforme associative -une singularité-, présidée par l’économiste Thibault Cuénoud, a déjà permis de lever 2,5M€ à raison de 
31 000 contributions.

Parmi les derniers projets « à adopter » figurent la Cafetière à souder de La Regratterie, à Migné-Auxances (lire ci-dessous), ou encore Bibaz. L’entreprise de vente de contenants en matière recyclée réutilisables (Le 7 n°616) a besoin de 15 000€ 
« pour financer un moule industriel pour un nouveau produit, en l’occurrence un bac à frites, explique son dirigeant Vincent Musset. J’adopte un projet est un support pour montrer ce que l’on fait et mesurer l’affect des gens par rapport à ce que l’on propose. » Françoise Rougier, la directrice et ancienne présidente de L’Effet papillon, salon de beauté solidaire installé à Poitiers depuis 2020 (Le 7 n°498), confirme : « Ce n’est pas tant les 6 000€ récoltés… Ça a surtout été un tremplin psychologique de voir que des gens nous donnaient de l’argent, qu’ils croyaient en notre projet. »

« Un modèle hybride »

En moyenne, les campagnes de financement menées via la plateforme oscillent entre 
3 000 et 4 500€, avec une contribution minimale de 10€. En ligne ou pas. « Nous recevons encore des chèques », sourit Laurence Fouin. Quant au taux de réussite, il dépasse les 80%. « J’adopte un projet s’appuie sur un modèle hybride, détaille la directrice Justine Pelleray, l’une des quatre salariés. Il comprend les commissions sur les campagnes de dons qui réussissent, l’accompagnement à la mise en place de l’outil hors Nouvelle-Aquitaine, des prestations de formation autour du financement participatif ainsi que des fonds privés et publics. »

Soutien de la première heure, la Région s’est engagée pour trois ans dans l’abondement participatif, qui ne concerne que les projets de l’ESS. Saintes a été la première collectivité à se lancer, suivie de Bordeaux, Limoges Métropole… et plus récemment Grand Poitiers. « C’est un tournant que nous avons engagé depuis 2021, note Justice Pelleray. Les collectivités, mais aussi des acteurs privés comme la Fondation Macif, nous confient des enveloppes plafonnées. Cela permet, pour 1€ de don d’un particulier d’abonder d’autant -ou plus- la cagnotte. » D’autres évolutions sont en cours de réflexion, en direction des entreprises pourquoi pas, pour co-construire une nouvelle feuille de route à cinq ans assurément.

 

La Cafetière à souder by La Regatterie

Actrice bien connue de l’économie sociale et solidaire, la Regratterie a imaginé un nouveau projet afin, cette fois-ci, de partir à la conquête de territoires ruraux à bord de deux camions. Nom de code : La Cafetière à Souder.
Pour mener à bien sa démarche, la recyclerie de Migné-Auxances a lancé sur J’adopte un projet, jusqu’au 23 mai, une cagnotte de 14 000€ « abondée par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur maximale de 10 000€ : pour 1 euro donné par les citoyens, la Région en donne 3, précise Aurélie Joly, chargée de développement. Le financement permettra dans un premier temps de financer un camion, l’association ne disposant que d’un véhicule à l’heure actuelle. » Ce dernier continuera de servir à la collecte de pièces destinées à alimenter la matériauthèque de la recyclerie. Quant au nouveau, il sera aménagé en café associatif, façon café du commerce, et servira de support à des activités de performance artistique à partir de métal, spécialité de la Regratterie. La Cafetière à souder est attendue sur les routes de la Vienne pour 2025. « Il est crucial d’atteindre au moins le premier palier de la campagne : sans cela, aucun financement ne sera accordé », prévient Aurélie Joly. Sachant que la Regratterie était une association d’intérêt général, chaque don ouvre à une réduction d’impôt de 66%.
A noter, au chapitre des projets, que le premier Festival du réemploi, fixé au week-end des 25 et 26 mai, a été reporté aux 20, 21 et 22 septembre en raison du passage de la Flamme olympique.

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