Le logement social
 en crise

Face à une hausse sans précédent des demandes de logements sociaux, Ekidom et Habitat de la Vienne ont alerté les pouvoirs publics à l’occasion du 85e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat début octobre.

Eva Proust

Le7.info

Le nombre de demandeurs de logements sociaux a atteint un record fin 2022 en France, avec plus de 2,4 millions de ménages en attente selon l’Union sociale pour l’habitat. Dans la Vienne, ils sont plus de 9 200. Concernant Grand Poitiers, cette hausse est de 39% par rapport à 2017. En parallèle, le niveau d’attribution de logements sociaux a baissé de 18%. « Avec l’augmentation des taux d’intérêts, les locataires ont repoussé leur projet d’achat immobilier, analyse Pascal Aveline, directeur général d’Habitat de la Vienne. Il n’y a plus assez de renouvellement sur le marché locatif. »
Ekidom gère plus de 11 000 logements sociaux dans la communauté urbaine, tandis qu’Habitat de la Vienne en couvre 12 200 sur 200 communes du département. 


Tension sur les T2

Mais le manque de diversité dans les typologies ne convient pas toujours à tous les ménages. Imaginés pour des familles, la majorité sont des T3 ou des T4. « Il y a un vrai manque sur les petits types, rapporte Pascal Aveline. Le T2 est très recherché, il convient aussi bien à des seniors seuls qu’à des étudiants ou des mères célibataires. Sans parler de la hausse des charges avec l’inflation, d’autant plus élevées sur de grandes superficies. »
Toutefois, pour réhabiliter ou construire du neuf, les fonds peinent à suivre. En 2018, une loi a institué une réduction de loyer appliquée par les bailleurs sociaux à certains locataires. Depuis sa mise en place, « Ekidom a perdu 20M€ en capacité d’investissements, déplore sa présidente Elisabeth Naveau-Diop, ce qui équivaut à deux résidences Schuman (Couronneries) entièrement réhabilitées. »

325 nouveaux logements

Pour continuer à investir dans de nouveaux HLM, Grand Poitiers a dégagé cette année 
de nouveaux moyens pour Ekidom, qui correspondent à 4M€. Ils permettront la création de 
125 logements supplémentaires -80 par an en vitesse de croisière- pendant sept ans. « C’est une avance pour Ekidom, poursuit Elisabeth Naveau-Diop. On travaille aussi à baisser le plus possible le taux de vacance dans nos logements, déjà très bas. Exception faite de certains sites problématiques dont on a connaissance, comme à la Grand Goule (Beaulieu) qui doit être réhabilitée. » Quatorze communes qui n’ont pas atteint le minimum légal de 20% de logements sociaux sont visées par Grand Poitiers.
Du côté d’Habitat de la Vienne, le bailleur a signé en 2023 une convention de trois ans avec le Département pour produire 200 logements neufs hors de Grand Poitiers. « Nous concentrons nos efforts sur le Loudunais et faisons des rééquilibrages là où il y a de la demande », poursuit Pascal Aveline. Habitat de la Vienne a notamment créé une soixantaine de logements à Montmorillon et mène des études à L’Isle-Jourdain ou La Trimouille. « Il faut rappeler que 70% de la population française est éligible au logement social. C’est important d’en développer dans les petites communes pour encourager la mixité sociale, mais aussi l’attractivité en termes de services de proximité et de transports. »

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