Elvis, la star et son bourreau

Elvis raconte la carrière du King, du point de vue de son escroc d’impresario. L’angle d’attaque de ce biopic réalisé par Baz Luhrmann est aussi déroutant qu’intéressant, bien qu’un peu trop gourmand dans son ambition. Néanmoins efficace.

Steve Henot

Le7.info

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Elvis Presley n’avait encore jamais fait l’objet d’un biopic. C’est désormais chose faite avec ce Elvis, de l’iconoclaste Baz Luhrmann (Gatsby le Magnifique, Moulin Rouge) qui retrace là toute la carrière du rocker. Il fallait bien 2h39 de film pour tout dire -ou pas loin- de ce « Blanc qui chante la musique des Noirs ». Le recours au chausse-pied se ressent dans la première partie, où les éléments de biographie défilent à toute vitesse, au gré d’une mise en scène tape-à-l’œil et d’un montage « clipesque » -les mauvaises manies du réalisateur- lesquels tranchent avec les efforts de reconstitution.

Le long-métrage se penche surtout sur la relation du chanteur avec le colonel Parker (Tom Hanks, formidable d’ambiguïté), cet impresario qui a vampirisé son talent de ses 19 ans jusqu’à son dernier souffle. Le portrait croisé fascine par l’attraction que les deux hommes exercent l’un sur l’autre, et notamment l’incapacité de Presley à se défaire de ce manager médiocre, qui étouffe -enferme même- son ambition pour se faire de l’argent sur son dos. Original, l’angle choisi est à double tranchant : il illustre toute la solitude d’un artiste mal entouré mais laisse, aussi, le spectateur à distance de cette souffrance, comme un simple observateur. Restent des séquences musicales emballantes -heureusement plus sobres que l’intro- dans lesquelles Austin Butler rejoue à merveille la gestuelle de la star. Pêchant parfois par son aspect hybride et une volonté d’être exhaustif, Elvis reste une biographie de bonne facture qui a le mérité d’apporter, en particulier aux non-initiés, un autre regard sur le règne très tourmenté du King.

Biopic de Baz Luhrmann, avec Austin Butler, Tom Hanks, Olivia DeJonge (2h39)

DR

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