La toile comme une oeuvre

Après avoir vendu le profil Facebook de Marcel Duchamp, en juin dernier, le net artiste poitevin Thomas Cheneseau poursuit dans la veine du « provocateur iconoclaste ».

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis trois ans, il s’amuse à transgresser les interdits et à détourner les codes de la Toile. À force de jouer les anti-conformistes du web, Thomas Cheneseau a obtenu une jolie récompense pendant l’été. Un papier dans «Libé», le jour anniversaire de la naissance de l’artiste Marcel Duchamp (*). Celui-là même dont il avait vendu le profil Facebook un mois plus tôt, à l’occasion du festival Open your web, en marge d’une conférence sur le marché de l’art numérique.

«En fait, j’ai créé ce profil factice il y a un an et demi et je me suis efforcé d’aspirer tous les événements liés à Marcel Duchamp et de solliciter comme amis les deux cents profils Marcel Duchamp et Rsose Selavy (Ndlr : pseudo de l’artiste)», raconte l’ancien étudiant de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs. Ensuite ? Flanqué d’un maximum de contenu sur Duchamp, il l’a mis en vente comme une œuvre d’art (numérique) classique. L’acquéreur du login et du mot de passe s’appelle Jean-Jacques Gay et se définit comme un «collectionneur» désormais propriétaire d’un urinoir du web semblable à celui de Duchamp.

Au-delà du coup de com’ -la preuve, nous en parlons !-, Thomas Cheneseau perçoit surtout dans cette transaction « symbolique » le double moyen de «perpétuer la mémoire de Duchamp» et de mettre en lumière le net art. Avec Systaim, l’autre artiste français en vogue dans cet univers, le Poitevin a d’ailleurs eu les honneurs du pavillon Internet de la Biennale de Venise, en juin dernier. «Nous étions cinq Français sur les cinq cents artistes présents.» Les amateurs ont également pu apercevoir ses œuvres à l’occasion de Cap Sciences, à Bordeaux, ou encore à Bruxelles. À sa manière, l’artiste poitevin se définit comme «iconoclaste» et «provocateur».

(*) Cet artiste français s’était rendu célèbre au début du XXe siècle pour avoir détourné des objets du quotidien (ses fameux ready-made) en oeuvres d’art. L’urinoir ou la roue de bicyclette, c’était lui…
 

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