Les parents d'élèves en première ligne

À l’image d’Hawa Diallo-Cissé, plusieurs familles de sans-papiers, dont les enfants sont scolarisés dans les écoles poitevines, reçoivent le soutien de parents d’élèves. Exemple.

Antoine Decourt

Le7.info

Comment expliquer à son enfant que sa copine de classe doit retourner vivre dans un pays qui n'est pas le sien ? Telle est la question à laquelle sont confrontés les parents d'élèves de l'école Théophraste-Renaudot, à Poitiers. « C'est tout simplement impossible de répondre à cela… », estime Wilfried, parent d’élève. « Personnellement, je ne trouve pas les mots pour expliquer à mon enfant que sa voisine de classe ne sera peut-être pas présente à la rentrée prochaine », clame Cécile Berritane, chef de file des parents d'élèves.
Forts de leur capacité d’indignation, Cécile, Wilfried et les autres se battent depuis plusieurs semaines en faveur d’Hawa Diallo-Cissé. Sur la base d’une décision préfectorale, cette mère de famille d’origine guinéenne est sous le coup d’une reconduction à la frontière. Et ses trois enfants, scolarisés à Renaudot, Damien-Allard et Jules-Ferry, avec. Les parents d’élèves dénoncent une « situation ubuesque », dont ils entendent « démontrer l'absurdité ».

Un mouvement apolitique


Rappel des faits. Début mars, Hawa Diallo-Cissé se voit signifier son expulsion de France. La nouvelle ne tarde pas à faire le tour de l'école maternelle. L’incompréhension laisse vite place à une manifestation collective de soutien. Le 10 mars, l'entrée de l'établissement scolaire est même bloquée et une pétition circule de main en main (*). Quelques personnalités politiques affichent leur soutien. Dans un coin, Hawa observe le mouvement en toute discrétion.
Après le bruit de la rue, d’autres initiatives plus individuelles se font jour. Chacun parent mobilisé apporte sa pierre à l'édifice. L'un sollicite le curé de sa paroisse. Un autre interpelle la députée de la circonscription. Des liens se nouent. Réseau éducation sans frontières (RESF) apporte même son aide logistique.
Pour quels résultats ? Hawa Diallo-Cissé saura ce jeudi (voir repères) si la mobilisation des parents d’élèves a été payante. Quoi qu’il en soit, cette solidarité spontanée a d’ores et déjà permis de resserrer les liens dans la communauté parentale et éducative. D’autant que l’action s’est inscrite dans un cadre 100% citoyen. Les convictions politiques n'ont pas eu droit de citer. « Il ne faut pas s'en cacher, nous avons des opinions très diverses parmi les parents d'élèves. Mais l'école n'est pas connue pour être un vivier contestation », commente Wilfried.
« Chaque soutien a été le bienvenu, mais nous avons veillé à ce qu’il n’y ait aucune récupération politique », affirme de son côté Cécile. Pour eux, le mot d’ordre est clair : « ne pas fermer les yeux devant de telles injustices. » Lors d’un week-end à Paris, la propre fille de Cécile Berritane a demandé à faire un détour par l’Elysée pour « faire entendre le cas de sa copine ».

(*) La pétition a réuni 333 signatures écrites.


______________________________________
JUSTICE
Le Tribunal administratif va trancher

À la suite de l'arrêté de reconduite à la frontière, l’avocate d’Hawa Diallo-Cissé a déposé un recours devant le Tribunal administratif de Poitiers. Celui-ci sera examiné le jeudi 26 mai. Une seconde demande a été formulée auprès de la Caisse d'allocations familiales de la Vienne afin d'obtenir le paiement rétroactif des allocations non versées. Désormais considérée comme sans-papier, la mère de famille guinéenne a dû cesser ses deux activités à Sipea Habitat et à la Ville de Poitiers.

SOCIETE
Les mobilisations se multiplient

L'action des parents d'élèves autour de la famille Diallo-Cissé n'est pas un acte isolé. La menace d'expulsion qui pèse sur une famille géorgienne a également mis en émoi la communauté des parents d'élèves de l'école Jacques-Brel, à Poitiers. Réseau éducation sans frontières confirme une vraie montée de la mobilisation des parents d’élèves.
 

À lire aussi ...