La prostitution étudiante en lumière

Affichages en ville, tracts, allocutions en amphi… La médecine préventive de l’université de Poitiers veut sortir ce phénomène de l’ombre.

Romain Mudrak

Le7.info

En France, des étudiants sont contraints de se prostituer pour financer leurs études. Le manque d’argent est le motif principal. Forums de discussions, pages perso, sites d’annonces… Les premiers contacts se déroulent toujours sur le net, ce qui rend cette activité particulièrement invisible. À Paris, Nantes, Bordeaux et bien d’autres villes, des cas ont été signalés et des témoignages recueillis. Mais ce phénomène existe-il à Poitiers ? « Sans aucun doute, assure Marie-Françoise Pluzanski, docteur au service de médecine préventive de l’université de Poitiers. Nous avons repéré plusieurs annonces douteuses de petits boulots. De plus, les assistantes sociales reçoivent très régulièrement des jeunes femmes qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Comment paient-elles leur loyer ? Elles répondent qu’elles ‘se débrouillent’ sans, parfois, vouloir en dire plus… »

« On ne peut pas les empêcher »

Dans le doute, la médecine préventive a décidé d’organiser une action de sensibilisation à partir de la semaine prochaine. Du 5 au 10 octobre, des plaquettes d’information seront distribuées dans les amphis, les restaurants et les résidences universitaires. Du 12 au 20, une quarantaine d’affiches (4mx3m) seront disposées dans toute la ville afin d’alerter les Poitevins. Le 20 octobre, tous les acteurs intéressés seront invités à se rendre à la maison du peuple à 20h pour un débat. L’idée ? Sortir ce phénomène de l’ombre.

Philippe Andrès, qui s’occupe de la prévention au sein de l’Amicale du Nid, une association de réinsertion des prostituées, a organisé en 2008 ce genre d’événement à l’université de Montpellier. Il explique que beaucoup d’étudiantes qui monnayent leur compagnie ne se considèrent pas comme des prostituées : « On n’a pas le droit de les empêcher de le faire. La prostitution est tolérée en France. Dans ces conditions, notre rôle est de les aider à repérer les risques sanitaires ainsi que les risques d’agression. C’est l’idée de ce genre de campagne de communication. »

SERVICES SOCIAUX
Les numéros à retenir

L’Abri, collectif poitevin de soutien aux personnes prostituées, est à l’écoute des étudiants concernés sur sos.prostitution.etudiante@gmail.com ou au 06 72 98 37 76. Les assistantes sociales et docteurs de la médecine préventive sont joignables au 05 49 45 33 54. Enfin, le service social du Crous se trouve dans la cité Rabelais (05 49 44 53 42).

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