Je voulais voir la mairie…

Une idée saugrenue m’est venue cette semaine : gagner la place du Maréchal-Leclerc en voiture et voir la mairie sans lâcher le volant… Peine perdue !

Nicolas Boursier

Le7.info

Un rendez-vous à Saint-Benoît a dopé ma curiosité. La nécessité de déposer un gros chèque à ma banque du centre-ville s’est chargée de « pousser le bouchon un peu plus loin ». Comme au temps de ma lointaine enfance, la rue de la Tranchée redonne au quartier de la « Porte de ville » ses lettres de noblesse, avec une entrée directe sur l’hypercentre. Je m’y engouffre. Pâtisserie et cordonnerie sont les derniers survivants d’une artère autrefois commerçante. Les places de stationnement sont rares, mais la voie est dégagée sur deux bons kilomètres. Jusqu’à ce nouveau feu tricolore, à la jonction de la rue Scheurer-Kestner. Je file tout droit, par la rue Carnot. Le parking du même nom a été rebaptisé « parking de l’Hôtel de Ville » et est désormais accessible par la… sortie. Une halte à ma fameuse banque et me voilà de nouveau à l’air libre.

A gauche, la place d’Armes s’offre à moi. Manqué! Les rues Saint-Nicolas et Louis-Renard ne sont pas plus conciliantes. Toute «bifurcation» à gauche est interdite. Damned ! On ne me la fait pas, celle–là! Je retente ma chance un peu plus bas. De la rue Saint-Vincent-de-Paul, je remonte rue Jean-Jaurès. Tu parles ! A peine la CCI (la future ex) est-elle dépassée que des agents de sécurité me font rebrousser chemin au carrefour des rues Henri-Oudin et Paul-Guillon. J’ai bien un « pass » mais je veux me faire une opinion. Demi-tour par les rues de l’Ancienne-Comédie et Jean-Jaurès… en descendant. Allez, à gauche toute. Station Arsène-Orillard. Je vais pouvoir rattraper la place Notre-Dame. Aïe. Entre l’hôtel Aubaret et la médiathèque, ça bloque encore! Je vois le tableau ! Je vais devoir me taper toutes les « ruelles périphériques ». Hôtel-Dieu, Saint-Germain et Chaîne. La purge ! Je croise les doigts pour qu’il n’y ait pas une bagnole en carafe au milieu de la carrée ! Bon, là, ça commence à m’asticoter. Je parviens non sans mal à la place du Palais, mais ne peux que lorgner la rue Boncenne. Elle est où cette mairie ?

L’arrière du Tap est laissé surma gauche. Si je repasse par La Poste et le Commissariat, je sais que c’est foutu. Je maintiens donc le cap, comme « autrefois », par le boulevard de Verdun, vers la préfecture. Ce coup-ci, c’est certain, je vais la voir ma mairie. Mais oui, elle est là, au loin. Je pourrais presque la toucher. Sous le soleil réfléchissant, je la distingue pourtant à peine. Et pis merde ! D’affreux plots me cachent trop vite l’horizon. Et encore un monumental panneau de sens interdit. Pas possible en face. Pas possible à gauche. Je ne reconnais plus le Poitiers d’hier et avanthier. La rue Renaudot se prend désormais à contre-courant. Jusqu’à Saint-Hilaire, Cuvier et… Porte de Ville. Retour à la case départ. Dix kilomètres pour rien. Ma grosse caisse monte dans les tours. Moi, j’ai les neurones en vrac. En ai-je  encore ? Un jour, sans doute, me ferai-je une raison. Mais le temps risque d’être long. Et dire que, depuis peu, ma mairie s’est refait une beauté !...

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