Le Tap, « un lieu de vie, 
pas un temple culturel »

A la tête du Théâtre-
auditorium de Poitiers (Tap) depuis le 25 septembre, Raphaëlle Girard souhaite ouvrir largement le lieu et placer la musique au centre d’une programmation pluridisciplinaire.

Claire Brugier

Le7.info

Comment résumeriez-vous votre parcours ? 

« J’ai baigné dans l’artistique depuis l’enfance. Je suis fille de profs, de Bourg-en-Bresse. J’ai donc commencé dans le 
01 et j’en suis au 86 ! (sourire) J’ai fait beaucoup de danse étant jeune, du théâtre à partir de 15 ans puis, après le bac, j’ai suivi un double cursus études théâtrales et communication. Avec les Ceméa, à partir de 1991, je suis devenu animatrice danse au festival d’Avignon, puis à partir de 2010 j’en ai été la responsable billetterie cinq mois par an. Le reste du temps j’ai travaillé aux Célestins, aux Subsistances à Lyon, au centre de développement chorégraphique de Toulouse… De la billetterie je suis passée aux relations publiques, à la communication, au secrétariat général puis conseillère artistique, ce qui m’a donné envie de devenir directrice et programmatrice. J’avais 46 ans quand je suis arrivée au Rive gauche, à Saint-Etienne-du-Rouvray. »

Quelle spectatrice êtes-vous ?

« Je vois près de 300 spectacles par an, de danse, de théâtre, de cirque, de magie nouvelle et de musique. La présence déjà forte de la musique au Tap est l’un des éléments qui a motivé ma candidature, et aussi la présence d’un cinéma, rare dans les scènes nationales. J’ai d’ailleurs baptisé mon projet 
« L’art sur la ville ». »

Quelle tonalité lui avez-vous donné ?

« C’est un projet pluridisciplinaire, dont la colonne vertébrale reste la musique, autour d’un nouveau temps fort « C’est musique ! ». J’espère donner une place encore plus visible à l’Orchestre des Champs-Elysées, l’Orchestre de chambre Nouvelle-Aquitaine et Ars Nova. Les artistes associés auront également tous plus ou moins à voir avec la musique : le trompettiste Clément Lebrun, la chorégraphe Rebecca Journo et le créateur sonore Mathieu Bonnafous, la comédienne et chanteuse Estelle Meyer, le metteur en scène Jean-François Sivadier ou encore Isabelle Huppert. Je souhaite établir des passerelles pour faire circuler les publics. »

Comment ?

« C’est le volet droit culturel de mon projet : sortir des murs. Le Tap peut être intimidant. C’est pourquoi j’ai pensé à des « tournées vagabondages », pour aller à la rencontre des habitants des 40 communes de Grand Poitiers. L’autre axe :
faire entrer les gens au Tap, même si ce n’est pas pour un spectacle, pourquoi pas à travers des pratiques amateures, pour faire réparer son vélo, accéder à une consigne car on est proche de la gare… Je souhaite que le Tap soit un lieu de vie, pas un temple culturel. J’aimerais aussi mettre en place un comité de spectateurs-
programmateurs… »

Comment voyez-vous le Tap dans son environnement culturel ? 

« Je crois beaucoup au proverbe africain qui dit que seul on va plus vite mais qu’ensemble on va plus loin. A Poitiers, beaucoup de structures travaillent déjà ensemble, A corps, Les Petits devant les grands derrière, le Méta, la Scène Maria Casarès, Jazz à Poitiers, l’Espace Mendès-France… Il faut juste qu’on s’accorde. »

Une curiosité dans la saison 2023-2024 du Tap ?

« J’ai très envie de voir Give it to the sky, le 8 novembre. Merci Jérôme (ndlr, Lecardeur, son prédécesseur) de l’avoir programmé. »

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