L’éolien a le vent de face

La loi de transition énergétique prévoit un doublement du parc éolien d’ici 2023, mais les freins sont nombreux. Dans la Vienne, les porteurs de projet ne renoncent pas devant les obstacles.

Florie Doublet

Le7.info

On peut reconnaître une qualité aux opérateurs de parcs éoliens en France. Ils ne manquent pas de persévérance. A l’heure actuelle, leurs mâts ne commencent à produire de l’énergie que six à huit ans après le dépôt d’un dossier en préfecture. Un délai très long, qui fait obstacle au développement de cette énergie renouvelable.

Dans la Vienne, on dénombre seize parcs en fonctionnement. Neuf sont autorisés, mais pas encore construits, tandis que vingt-deux sont toujours en cours d’instruction. Au total, en Nouvelle-Aquitaine, l’éolien produit 795MW d’électricité. « Nous sommes encore loin de l’objectif de 3 000MW à l’horizon 2020 fixé par le gouvernement », souffle Diane Alessandrini, chargée de mission de France énergie éolienne. La filière souhaite ardemment que la cadence s’accélère, mais elle se heurte encore à de nombreux freins. « Les contraintes militaires, en particulier, freinent de nombreux projets. Les zones dédiées à l’armée représentent un potentiel inexploité. Tenez, en ex-Aquitaine, il y a des départements entiers où l’on ne peut rien implanter. »

Lorsqu’un terrain répond à tous les critères (impact paysager, distance entre les habitations, éloignement d’une centrale nucléaire…), il faut encore se montrer patient. L’instruction d’un dossier nécessite en effet près de deux ans. « Nous vérifions que la réglementation est bien appliquée. Cela nécessite une analyse approfondie », explique Olivier Pairault, responsable du département risques chroniques à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).

Des recours qui se multiplient

Une fois l’accord donné par l’administration, rien n’est encore joué. Les opposants à l’éolien se montrent ainsi très virulents et déposent quasi-systématiquement des recours devant le tribunal administratif. « C’est bien simple, les trois quarts des projets sont attaqués, résume Gérald Brun, directeur de la Business Unit France du groupe Valorem. Un seul habitant mécontent peut parfaitement nous mettre des bâtons dans les roues. »

Il faut compter trois à quatre ans avant que le recours ne soit traité. « Tout cela ne sert qu’à ralentir le processus, car les parcs finissent bien souvent par sortir de terre. » « Certains projets se déroulent sans accroc, renchérit Emmanuel Julien, président du Directoire de Sergies. La preuve au Rochereau ! Nous avons bâti le dossier avec les élus locaux, sans oublier d’associer les habitants. » A contrario, de nombreuses associations, telles que Lathus Vent Debout, Vent de Bocage, ou la Fédération Environnement durable poursuivent leur combat.
 

Carte des parcs en fonctionnement au 1er septembre

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